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L’affaire avait fait grand bruit. En 2014, le géant de l’e-commerce Amazon confie la gestion de ses candidatures à un algorithme qui, élaboré par l’intelligence artificielle, doit constituer une solution de recrutement inventive et innovante. L’objectif est d’automatiser le processus de recrutement, d’augmenter la précision de recherche de candidats et de permettre aux recruteurs de se concentrer sur les tâches les plus importantes. Problème : l’algorithme présente une fâcheuse tendance à écarter les CV des femmes et à noter les CV des candidats, et surtout des candidates, selon des critères purement sexistes. Cette expérience souligne bien l’ambivalence de la relation entre intelligence artificielle et recrutement : si l’intelligence artificielle peut constituer un formidable outil de performance indéniable pour la fonction RH, elle se heurte bien souvent à des enjeux éthiques sur lesquels les recruteurs ne peuvent faire l’impasse. Alors, entre menaces et opportunités, suivez l’enquête 😉
Se consacrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée 💪
Eliminer les tâches longues et répétitives. Tel est le premier impératif de l’intelligence artificielle qui, capable de traiter une grande quantité de données difficiles à appréhender pour l’être humain, peut permettre aux professionnels des RH de se consacrer à des tâches à plus forte valeur ajoutée. L’étude Métamorphose des managers à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle de Dejoux et Léon parle ainsi d’une « expérience collaborateur augmentée », notamment dans les dimensions administratives et juridiques de la fonction RH. Nombreuses entreprises ont ainsi instauré un chatbot qui, à l’aide de l’IA, répond aux questions administratives et juridiques des collaborateurs et renvoie, le cas échéant, vers la documentation en question et l’interlocuteur adapté. Le groupe EDF a mis en place, dans cette lignée, un chatbot qui répond à l’ensemble des questions relatives à la paie, à la gestion des absences et aux demandes de congés, permettant donc aux professionnels RH de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.
Le recrutement, entre opportunités et menaces
L’IA peut constituer une aide intéressante pour identifier les meilleurs candidats pour un poste donné. Les algorithmes de l’intelligence artificielle peuvent analyser de grandes quantités de données, notamment des CV, des profils en ligne et des résultats de tests psychométriques, pour identifier les candidats les plus qualifiés pour un poste. De plus, l’intelligence artificielle peut également aider à réduire les biais inconscients dans le processus de recrutement, en se concentrant uniquement sur les compétences et les qualifications pertinentes. Néanmoins, à l’image des problématiques rencontrées par Amazon, l’intelligence artificielle n’est pas sans soulever, dans l’exercice du recrutement, certains enjeux éthiques :
- Le risque d’un manque de diversité (recrutement de personnes aux profils similaires qui constituerait, à terme, un préjudice pour la diversité des équipes)
- Un risque de discrimination (l’intelligence artificielle sélectionnerait, volontairement ou non, les candidats selon des paramètres discriminatoires : genre, ethnie, parcours universitaire…)
- Une mauvaise évaluation des softskills des candidats (l’IA détecterait les diplômes et compétences techniques des candidats mais ne pourrait apprécier, à leur juste mesure, le savoir-être des candidats.)
L’IA, un atout pour la formation 🔝
Former un collaborateur de manière efficace, personnalisée et dynamique : l’intelligence artificielle peut constituer, face au défi de la formation, un atout intéressant. En utilisant des algorithmes d’apprentissage automatique, l’IA peut suivre les progrès de chaque salarié, identifier les lacunes dans leur compréhension et donc ajuster le contenu de la formation en conséquence. Identifier le profil du collaborateur, construire un plan de formation personnalisé et évaluer, enfin, les progrès du salarié : ce triple gain fait de l’intelligence artificielle un outil stratégique intéressant pour la formation. Nombre d’entreprises ont ainsi adopté le Projet Voltaire pour apporter à leurs collaborateurs une formation dynamique et interactive en orthographe et grammaire. Fruit de l’intelligence artificielle et des sciences cognitives, la technologie du projet Voltaire identifie le niveau initial du collaborateur, élabore au fur et à mesure son profil de mémorisation et détermine, en fonction, un parcours personnalisé. Le temps de formation est donc optimisé afin de maximiser autant l’apprentissage que l’expérience du collaborateur.
L’IA pour une stratégie de rétention des talents 🤝
A l’heure où la fidélisation des collaborateurs constitue un enjeu stratégique pour les entreprises, l’intelligence artificielle peut apporter une solution intéressante pour détecter les éventuelles problématiques au sein du quotidien des collaborateurs et apporter, le cas échéant, des solutions adaptées. On peut envisager, à cet égard, un triple bénéfice de l’IA pour la fidélisation des talents : mieux comprendre, tout d’abord, les besoins et les préférences des collaborateurs ; concevoir, ensuite, des formations et solutions personnalisées en fonction des salariés ; enfin, aider l’entreprise à créer un environnement de travail plus collaboratif en identifiant, en interne, les collaborations les plus fructueuses.
➡ La start-up Bleexo a ainsi développé, associée à l’IA, une solution qui élabore des tableaux de bord représentant différentes variables d’engagement, de motivation et de satisfaction des salariés. La solution se compose de différents dispositifs : des enquêtes anonymes auprès des collaborateurs pour établir des variables de satisfaction, une méthode de feedback 360° pour les entretiens, des sondages sur demande, des dispositifs de coaching et de reconnaissance. Les managers et RH disposent donc, en permanence, d’un tableau de bord actualisé sur lequel figurent les points forts et faibles de chaque équipe permettant, ainsi, de concevoir des solutions personnalisées et adaptées.
💡 Il est indéniable que la collaboration entre intelligence artificielle et ressources humaines va inventer, progressivement, de nouvelles manières de collaborer et d’imaginer l’entreprise de demain. Tout l’enjeu demeure, maintenant, de ne pas éclipser la dimension humaine propre à la fonction RH afin de « développer les moyens d’une complémentarité riche entre le travail humain et l’activité de la machine » selon les termes du député Cédric Vilani dans son rapport « Donner un sens à l’intelligence artificielle ».